Faites comme chez vous
Faites comme chez vous
26 juin 2022 au 3 juillet 2022
Un road trip d'une semaine de Montréal à Québec, en empruntant les petites routes, à la recherche d'endroits (stationnements, bords de l’eau, sous les viaducs) pour faire comme chez nous. Nous vous invitons à venir faire comme chez vous, avec nous !
Faites comme chez vous est un projet créé par Maggy Flynn et les membres du bureau de l'APA, soutenu par le Conseil des arts et lettres du Québec
Journal de bord
26 juin 2022
Jour de départ. Nous organisons une fête sur le terrain de l’ancien immeuble de Maggy, là où sa maison a brûlé, en face de la caserne de pompiers n°13, sur la rue Ste-Catherine. Ce grand terrain est resté vacant depuis la tragédie. Nous avons décidé d’y organiser un 5 à 7 pour célébrer le départ du road trip "Faites comme chez vous". C’est le moment des derniers préparatifs, du road test, et de la collecte des adresses pour l'envoi des cartes postales.
Ce sera aussi l'occasion de rencontrer les véhicules participants : Bijou, le véhicule de Julie Delorme, qui voyagera avec Chloé Surprenant ; Laurence Brunelle, qui nous suivra dans son véhicule adapté conduit par Julian Houde Hilton ; Jade Bourdages, qui se joindra à nous avec son Dodge Ram aménagé ; et enfin, le camion Punch ta vie, qui transportera 4 enfants : Mila, Dalie, Malik et Marilou. Ce camion tire une tente-roulotte, qui sera la maison de la marmaille.






Vers 20 h, nous quittons les lieux pour aller "faire comme chez nous" à Longueuil.
Pour commencer, nous avons trouvé un endroit juste de l'autre côté du pont Jacques-Cartier, près du fleuve, avec une vue sur la ville. À peine 10 kilomètres parcourus, ce qui était parfait vu l'heure tardive du départ.
Une fois arrivés, il commence à pleuvoir très fort et à y avoir un vent violent. Nous installons le gazebo pour nous protéger de la pluie, ainsi que la table et les chaises. Je prépare le lit des enfants pour leur première nuit.
Il y a des enfants partout dans le camion, sur le sol, sur le lit.





27 juin 2022
Réveil à Longueuil Beach.
La nappe bleue est installée sur la table, les céréales et les bols sont sortis, et les enfants se servent à déjeuner. Un homme de la ville vient nous informer qu’à partir de demain, le lieu sera fermé, il nous reste donc une dernière journée pour en profiter. C’est parfait, car nous avions prévu de partir ce jour-là.
Laurence et Julian arrivent avec leur véhicule de transport adapté. Ils avaient passé la nuit dans un hôtel avec une chambre adaptée. Jade repart chez elle pour faire quelques corrections, mais elle nous rejoindra le lendemain sur la route.
Nous partons en maillot de bain, avec serviette et chaise longue, vers la plage bétonnée qui mène au Saint-Laurent. Une baignade dans cette chaleur accablante est un vrai luxe.





Vers 14 h, nous partons en direction de Granby.
Nous arrivons dans le quartier industriel vers 15 h 30. Nous décidons de rendre visite aux travailleurs et travailleuses de l’usine Coroplast, où j’avais réalisé un projet relationnel avec le soutien du 3e Impérial. Une fois sur place, j'appelle Michel, le patron de l'usine, pour lui demander si nous pouvons passer la nuit et rester une partie de la journée suivante. "Pas de problème", me répond-il !
Nous nous installons : Bijou, Punch ta vie, La Maison de la Marmaille et la camionnette adaptée. Nous sortons les photos d'archives de pièces de maison que nous installons sur les camions, ouvrons la terrasse et mettons les balançoires. La table et les chaises sont installées. Les enfants aménagent l’intérieur de la Maison de la Marmaille. Nous soupons des ramens, mais l’humidité du terrain gazonné et les moustiques sont voraces.





28 juin 2022
Nous nous levons sur le terrain de chez Coroplast. Gros soleil et ciel bleu. Pierre se promène sur le tracteur à gazon, faisant le tour des camions. Lorsque je sors finalement de mon camion, il me salue en levant les bras ! Je vais le voir, on discute, il est content de nous voir. Il pense que j’ai changé de camion, mais en réalité, il a juste été transformé et peinturé.
Les derniers mois ont été très difficiles pour lui, mais il commence à se remettre petit à petit. Il nous donne des nouvelles des travailleurs de l’usine. Il participe au projet de photographie en choisissant une image imprimée qu’il place sur son visage. Puis, il choisit un fond d’image parmi plusieurs options : la cuisine, le salon, la chambre à coucher ou la maison abandonnée. Paul-Émile, un autre travailleur, est aussi venu prendre des nouvelles et participer au projet de photographie, même s’il déteste être pris en photo.












C’est à ce moment que les enfants entrent pleinement dans la phase créative du projet. Maintenant que l’installation des lieux est plus claire pour tout le monde, cette étape devient possible. Nous avions apporté de nombreux costumes ainsi que quelques appareils photo. Je leur ai donc prêté deux caméras qu’ils devaient se partager à tour de rôle.
L’idée était qu’ils partent en exploration, costumés, pour inventer et mettre en scène des situations originales, puis les photographier. Ils se sont pris au jeu et ont capturé des images pendant près de deux heures. Ensuite, chacun devait en sélectionner quelques unes pour les imprimer et en faire des cartes postales. Grâce à ma petite imprimante photo installée dans le camion, nous avons pu les imprimer immédiatement. Enfin, ils ont écrit un message personnalisé au dos de chaque photo.
Vers 14 heures, nous avons décidé de partir et avons donc plié bagage. J’ai alors préparé une liste des tâches à accomplir, où chaque enfant devait inscrire son nom en face de celle qu’il choisissait. Cette méthode s’est révélée efficace à tous les niveaux : elle a favorisé la coopération, la responsabilisation, la motivation et l’implication de chacun.
Le départ s’est déroulé sans le moindre accroc ! J’ai félicité toute la marmaille !
Nous avons ensuite pris la route vers Dunham, où nous avons recréé notre espace Faire comme chez nous derrière l’hôtel de ville. Très vite, nous avons constaté que l’installation en demi-lune fonctionnait le mieux : une table placée au centre, une lampe sur pied au milieu, les camions disposés autour, une petite section de faux gazon installée sur la garnotte avec des chaises longues, ainsi que le barbecue et divers objets du quotidien soigneusement disposés.
Pour compléter l’ambiance, nous avons fixé de grandes images représentant des pièces de maison sur les différentes surfaces des camions. Tout était en place, prêt à accueillir nos visiteurs.
Peu après, une bande de jeunes est arrivée pour une séance photo. Ils se sont amusés à se costumer, à choisir un décor, et ont pris la pose tandis que les photos étaient capturées.




29 juin 2022
On se réveille tranquillement à Dunham. Plusieurs cafés se préparent et se boivent. Les enfants vont chercher des pâtisseries. Ils vont dans le skate-park faire de l’unicycle. On a une rencontre de groupe entre enfants afin de voir notre fonctionnement. Un cercle de discussion afin de souligner les bons coups et ceux qui sont à améliorer. Nous allons diner par la suite, macaroni et pois chiche sur le bumper du camion. Après, nous commençons le pliage des camions pour un éventuel départ. Les enfants ont comme mission d’aller chercher de l’eau, remplir tous les contenants. Je fais la réparation d’un bout de la terrasse lorsque la police vient nous visiter. Apparemment, l’Hôtel-de-ville a fait une plainte, ils ne veulent plus qu’on fasse comme chez nous chez eux. On plie donc bagage et on part vers une nouvelle destination.






Nous hésitons sur notre prochaine destination, avec pour seule contrainte de rester à proximité de l’hôtel de Laurence à Bromont. Après quelques détours, nous arrivons finalement dans un cul-de-sac à Melbourne.
Une fois les camions installés, nous partons explorer les environs. Une courte marche dans le boisé nous mène à la rivière Saint-François, où nous profitons d’une baignade rafraîchissante malgré la chaleur et les moustiques. Laurence, qui est en chaise roulante, ne peut descendre jusqu’à la rivière, elle reste en haut de la colline du chemin qui mène à l’eau. Je lui demande si elle a besoin de quelque chose. Je la couvre très comme il faut avec le foulard pour la protéger des maringouins. Elle me demande si les enfants et moi pouvons rester dans son champ de vision lorsqu’on se baigne, pour vivre l’expérience de la baignade à distance. J’ai trouvé ça beau cette façon trouvée pour rester dans un espace partagé et commun .
À un moment, Julian part avec les enfants un peu plus loin. Lorsqu’ils reviennent, le courant devient tellement fort, que ça l’emporte un des enfants. Par chance, Julian était là pour le rattraper et nager avec lui dans ses bras. Que d’émotions !
On revient au campement et une pluie torrentielle commence. On monte rapidement le gazebo, j’installe un film dans la maison de la Marmaille pour les enfants et on se fait un souper à l’abris. Saucisse et Kraft diner. Soirée tranquille, on se couche assez tôt.
Le lendemain matin, nous roulons une cinquantaine de kilomètres et décidons d’arrêter à Tingwick près d’un skate-park, d’une carrière de recyclage, d’un énorme hangar et surtout, du sentier Les pieds d’Or qui se trouve à être un sentier de 5 km d’œuvres d’art et d’aménagements intrigants et un peu douteux par son côté religieux et patriotique. On installe nos camions près d’une pancarte qui dit qu’on peut se stationner avec les véhicules récréatifs pour la nuit. On met la grande table au milieu avec une lampe de salon. Des ami.e.s du coin se joignent et amènent des contributions au souper. Une grande tablée avec un souper copieux nous réunis ensemble. On y est bien instantanément.
1er juillet 2023
Les gens du coin, curieux et intrigués, viennent à notre rencontre, nous souhaitent la bienvenue et nous demandent ce que nous faisons. L’endroit dégage une ambiance agricole et fermière, et nous sentons un réel enthousiasme à notre arrivée en ville.
Après avoir annoncé notre arrivée sur les réseaux sociaux, une amie me contacte pour m’apprendre qu’elle vit à Tingwick et possède un champ de fraises en auto-cueillette, à seulement quelques kilomètres de notre campement.
Au retour, j’invite les jeunes à prendre les caméras et à explorer le sentier en photo. Celui ou celle qui tient l’appareil peut guider les autres en leur indiquant la scène qu’il ou elle souhaite créer. Chacun joue le jeu, et les rôles tournent à tour de rôle.
On se déguise, on improvise des mises en scène et on capture des instants pendant plusieurs heures, dans une ambiance ludique et créative.
Quelques photos sont sélectionnées et imprimées pour en faire des cartes postales. Laurence Brunelle-Côté récite des phrases poétiques que les enfants inscrivent à l’endos de la photo. Parfois des erreurs de transcription sont créées, ce qui change la tournure du sens et provoque le collaboratif du hasard. Un échange de care s’effectue dans ce geste; les enfants qui prennent le soin de collaborer avec Laurence qui ne peut écrire dû à ses limitations corporelles.
Comment vivre ensemble et prendre soin des besoins de chacun?
Plusieurs personnes des environs viennent nous voir, curieuses de découvrir notre projet. Nous leur expliquons le concept du road trip et les invitons à participer à notre projet photo.
L’atmosphère est agréable, alors nous décidons de passer une nuit de plus sur place. Une amie vient nous rendre visite et nous confie qu’il n’y a jamais grand-chose à faire à Tingwick. Pour elle, c’est la première fois depuis plusieurs mois qu’elle s’autorise une sortie sans ses enfants. Ce simple moment, tout près de chez elle, lui fait un bien fou !
2 juillet 2023
Aujourd’hui, une longue route nous attend pour rejoindre Québec, au LAC. Nous plions les camions dès le matin afin de partir le plus tôt possible. En chemin, nous faisons une pause dans une cantine pour manger des burgers et des frites, puis nous reprenons la route. Nous arrivons à Québec vers 14 h 30.
À peine sur place, nous nous activons pour installer notre espace et être prêts pour la fête d’arrivée prévue à 16 h. Nous ajustons la disposition des camions pour créer un lieu accueillant. Deux ami.e.s de Julie viennent jouer de la musique, et la gang de la maîtrise en création de l’Université Laval passe nous voir. Édouard apporte une piscine gonflable qu’il remplit d’eau. Avec la chaleur, c’est un vrai soulagement.
Tout au long de la soirée, des gens viennent nous voir : certains s’installent sur la terrasse du camion, d’autres sur les tapis disposés au sol ou sous le petit gazebo. On fait un barbecue, on écoute de la musique, et chacun participe au projet. Nous sommes arrivés… et on célèbre.
Pour notre dernière nuit, nous dormons sur le terrain du LAC. En pleine nuit, des inconnus tentent de s’introduire dans nos camions, mais le chien de Jade aboie et les fait fuir.








